Trois amies de Chateaubriand

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12 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Le comte de Marcellus, qui fut à Londres secrétaire d’ambassade quand Chateaubriand y était ambassadeur, raconte que celui-ci, partant pour le congrès de Vérone, où il allait représenter la France, lui a dit : « Ce que j'ai fait de mieux en Angleterre, c’est d’avoir, par mes dépêches, poussé à la guerre d'Espagne ét d’avoir écrit deux volumes de mes mémoires£.»Je ne crois pas qu’on puisse indiquer plus nettement l'importance qu’on attribue à sa propre biographie. La guerre d’Espagne engageait l’honneur de la France; Chateaubriand tira vanité de cette guerre, il en parla comme de sa guerre à lui. Or, il met en parallèle ces deux travaux utiles à son personnage, deux volumes de ses mémoires et une guerre dont il fut l'auteur.

Il a commencé d’écrire ses mémoires, à trente-cinq ans?, lorsqu'il n’avait à raconter encore que son enfance, un petit voyage d'Amérique, le commencement de la révolution, et puis son séjour en Angleterre, et enfin ses quelques mois, peu glorieux, de secrétaire de légation à Rome. Et quelle était son intention, quel son état d’esprit?.. « Je n’entretiendrai pas la postérité du détail de mes faiblesses; je ne dirai de moi que ce qui est convenable à ma dignité d'homme et, jose le dire, à l'élévation de mon cœur. Îl ne faut présenter au monde que ce qui est beau. » Ainsi, c’est pour le public qu’il écrit ses

4. Comte pe MarcezLus, Chateaubriand et son temps (Paris, 1859), p. 71. 2. Voir l’Appendice (A).