Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 149

de douze ou quinze personnes formant sa société habituellet.

Le jardinier Guillaume Labbé fournit un détail étrange : il avait introduit au château, le matin de ce même jour, un inconnu « vêtu d’un habit vert, d'un gilet de différentes couleurs avec franges, d'une culotte rayée et de guêtres noires; cet homme avait parlé à M. Tuffin ei s'était plaint de ce qu’on avait voulu lui couper les cheveux ».

Enfin comparut le valet de chambre PierreCharles Boujard, et celui-ci fut loquace ?. Il raconta que, depuis longtemps, «il était occupé à servir une quantité d'étrangers qui allaient et venaient journellement et nuitamment : ils appelaient le marquis #120n général el buvaient à sa santé ». S'il n'a pas déjà révélé ces faits à la municipalité de Saint-Ouen, c’est « parce qu'une femme tenant auberge au village le prévint que, s'il avait le malheur de dire un seul mot de ce qui se passait sous ses yeux, il serait chassé sans paiement et courrait risque d'être tué d’un coup de fusil à travers les haies ». Il cita les noms de quelques-uns

1. Dépositions de la femme la Contrie, de Xavière Masson, femme de chambre de M!* de Moëlien, de Jacques Pitel, cuisinier, de Jeanne Girou, domestique de basse-cour, de Francois Lorin, de René Bréjon et de Francoise Dauverne. -— Archives nationales, W, 275.

2. Nous groupons ici, pour n'avoir pas à y revenir, diverses dépositions de Boujard, qui fut interrogé le 1°" juin, le 21 octobre et le 4 novembre 1792. — Archives nalionales, W, 275.