Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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aux suppositions si, tout récemment, le Journal manuscrit d’un des témoins de son aventureuse existence n’était venu apporter la lumière sur ce point obscur de cette odyssée.

Tandis que les autorités le cherchaient aux environs de Saint-Brice et d’Antrain, le marquis s'était porté à 15 lieues de là, près de Loiron, c’est-à-dire à l’avant-garde de ses positions, du côté de Paris, car il ne semble pas que l’association eût compté des recrues en-decçà de Laval. Là se trouvait, réuni par une avenue au village de Launay-Villiers, le château du chevalier de Farcy de Villiers, qui, resté célibataire, vivait avec sa sœur M°° de Pont-Farcy, ses nièces et une autre de ses parentes, M" Tuffin. En prévision du soulèvement prochain de la province, M”° de Langan était venue avec ses deux filles se réfugier également chez son frère : on restait à Launay-Villiers dans la plus parfaite tranquillité ; on n’y apprenait que par les journaux et les lettres les progrès de la Révolution et les troubles qui agitaient la Bretagne. Les paysans des environs étaient bons, pieux, peu curieux et pauvres; vivant des bienfaits du châtelain, ils lui étaient entièrement dévoués.

1. Ce témoin était M" Émilie-Charlotte de Langan de BoisFévrier, épouse de Jacques de Vaujuas et grand'mère maternelle de M. le vicomte le Bouteiller, qui possède le manuscrit de son aïeule et qui en a publié les principaux passages dans le Journal de Fougères (1892).