Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

140 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Dans les derniers jours de ce mois de mai 1792, M. de Farcy, un matin, au cours du déjeuner, annonça à ses jeunes nièces « qu'elles dineraient avec quelqu'un de leur connaissance, mais qu'il fallait ne désigner que sous le nom de M. Milet, négociant de Bordeaux ». Le marquis arriva au château la nuit suivante !: il était accompagné de ses domestiques et d'un de ses plus fidèles agents, dissimulé sous le sobriquet de Fricandeau, et qui n’était autre que Loisel, ancien contrôleur aux actes à Plancoët et à Saint-Malo, remplaçant Deshayes près du chef en qualité de secrétaire.

La Rouërie avait habilement choisi son refuge : outre que Launay-Villiers, se trouvant sur le territoire du département de la Mayenne, était hors de l'atteinte immédiate du Directoire d’Ille-etVilaine, l'endroit était sauvage et retiré, également distant des routes de Fougères et de Rennes et proche des bois de Misedon, des Gravelles, des Effretais etde la forèt du Pertre, qui offraient alors des taillis presque impénétrables?. Il vécut là pendanttrois mois, et nous avons, sur son séjour

1. L'arrivée du marquis au château de Launay-Villiers doit avoir eu lieu dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 mai. Nous savons qu'il quitta la Rouërie le mardi, vers quatre heures; il est probable qu'il fit d'une traite les 15 lieues qui séparaientson château de celui de M. de Farcy, chez qui il pouvait être vers minuit.

2. Le château de Launay-Villiers est encore aujourd'hui la propriété de la famille de Vaujuas-Langan.