Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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je crois, Louis-André du Pontavice) et Le Bouteiller, qui s'étaient déguisés pour pénétrer jusqu’à lui. Il était rare cependant que les conjurés vinssent le jour comme le dit ma mère, ils se rendaient la nuit à Villiers. Il existait, du reste, à Villiers une cachette sous le plancher de la grande chambre; M. de la Rouërie ne s’est jamais servi de cette retraite, mais elle eût pu lui être utile en cas de surprise.

Ces précautions n’élaient pas inutiles: le Directoire d'Ille-et-Vilaine n'avait pas, en effet, renoncé à découvrir la retraite du chef de la conjuration. Les événements du 10 août avaient ramené bien des indécis à la cause de la Révolution : certaines municipalités qui, jusque-là, s'étaient montrées fort tièdes, affectaient maintenant de se faire pardonner, à force de zèle, leur pusillanimité : les dénonciations affluaient : on fouillait les châteaux dans l'espoir d'y découvrir les desservants réfractaires, et c’est ainsi que, le 24 août, la gendarmerie de Vitré se transportait au château de Bois-Blin, dans la paroisse de Bréal, tout proche de VilliersLaunay !.

Bois-Blin appartenait à M”° du Guiny de Bourgon *, qui, assurait-on, donnait chez elle asile à

L. Bois-Blin n'est qu'à une lieue et demie de Launay-Villiers, mais il se trouve sur le territoire d'Ille-et-Vilaine.

2. M"° du Guiny était la mère des demoiselles du Guiny, qui, plus tard, ont rendu leur nom fameux en offrant un asile à M°< la duchesse de Berry, dans leur maison de Nantes.