Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

( MONSIEUR MILET » 155

Ce qu'il savait de la situation financière de l’association lui permit de simuler une connaissance approfondie des ressources dont elle disposait, Desilles ne pouvait témoigner de la méfiance à l’ami qui s'était, à deux reprises, obligeamment entremis pour le change des billets envoyés de Coblentz: à quoi bon dissimuler, d’ailleurs, avec un homme qui paraissait si bien documenté ? Quand le docteur manifesta le désir de rendre visite au marquis, Desilles n'y mit aucun obstacle et s’offrit à préparer discrètement cette entrevue.

Depuis quelques jours la Rouërie était informé du séjour de Chévetel en Bretagne : nous avons dit déjà les sentiments d'affection qu'il gardait à cet ami des jours heureux, affection augmentée encore de cette sorte de déférence soumise qu’on éprouve pour un médecin en la science duquel on a confiance !. Il reçut le docteuravec empressement, « lui parla ouvertement de ses projets, du pillage de son château, ne dissimula pas qu'il voulait pousser sa pointe ; il se plaignit de la lenteur des Princes, de la jalousie de Botherel, alors à Jersey el qui, sous prétexte de prudence, retenait par pertidie un envoi d'armes ». I] lui apprit que Pontavice « était en observation à Paris », lui vanta enfin l’activité de Fontevieux, alors en mission

1. Journal de Rennes, août 1841.