Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

156 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

auprès des Princes et dont il attendait le retour d'un jour à l’autre !. Chévetel se retira après mille protestations d'amitié et d'encouragements : le soir même il reprenait la route de Paris, où il arriva le 2 septembre?. Il se rendit, sur-le-champ, à l'hôtel de la Chancellerie, qu'habitait Danton; mais celui-ci s’excusa de ne point le recevoir et lui donna rendez-vous pour le lendemain entre trois et six heures du matin.

À l'heure fixée, Chévetel fut introduit dans le cabinet du Ministre, où se trouvait Danton en compagnie de Camille Desmoulins et de Fabre d'Églantine. Sur quel point précis roula l’entretien? C'est là ce qu'il est impossible de connaître d’une façon certaine?. Chévetel louvoyait-il encore et chercha-t-il seulement à se faire donner une mission vague, un mot signé de Danton, qui püt l'aider à jouer, auprès des conjurés, double jeu sans risquer d’être pris, le cas échéant,

1. Cette entrevue dut avoir lieu, si nous ne nous trompons, dans les derniers jours d'août, et non pas à Villiers-Launay, mais chez Desilles.

2. «Je fus assez malheureux pour être presque le témoin du massacre des Carmes. M'étant trouvé le 2 septembre à la porte du Luxembourg, rue de Vaugirard, au moment où des cannibales déchiraient une de leurs victimes vis-à-vistrois cents spectateurs.» Récit de Chévetel. Les souvenirs de Chévetel le trompent encore sur ce point: les massacres des prêtres aux Carmes n'eurent lieu que dans l’intérieur du couvent, fort loin, par conséquent, de la porte du Luxembourg.

3. « Il ne fut même pas question de l'affaire de la Rouërie. » Récit de Chévetel.