Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

158 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE Thérèse de Moëlien et quelques-uns des principaux conjurés.

Il y fut reçu très froidement. Presque en même temps que lui était arrivée une lettre de Pontavice, qui, ainsi que nous l'avons vu, « resté en observation à Paris », avait pris sur Chévetel des informations et dévoilait au marquis les relations du médecin avec les chefs du parti révolutionnaire. La Rouërie n'était pas l’homme des moyens détournés ; son caractère impétueux et franc s’accommodait mal des réticences : il brusqua l’explication et somma Chévetel de se disculper.

Celui-ci ne se troubla point : loin de nier ses rapports avec Danton, il se vanta de l’avoir gagné à l'association : — « Le Ministre, disait-il, n’ignore pas que la cause de la Révolution est perdue ; luimême est attaché de cœur à la monarchie et souhaite le retour de l’ancien ordre de choses ; il partage les désirs des royalistes et veut, sans toutefois compromettre son influence sur le parti avancé, seconder les projets de la coalition en rappelant le roi au pouvoir. En ce qui concerne la conjuration bretonne, il en connaît les ressources et en approuve le but... » Et, comme preuve de ce qu'il avance, Chévetel met sous les yeux du marquis la commission qui le fait maître de toute la force armée de l'Ouest, et aussi une lettre auto-