Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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graphe où Danton protestait de son dévouement à Louis XVI!.

Si grande était la loyauté du marquis, si insidieuse l'hypocrisie de Chévetel, que cette étrange

1. « Pontavice découvrit l'intrigue de Chévetel et la dénonca à la Rouërie. Pour se disculper, le traitre se vanta d'avoir gagné Danton aux projets des rebelles et produisit, à l'appui de son assertion, une lettre supposée de ce Ministre. Les relations de Chévetel avec Danton furent autorisées et mème encouragées. » Robidou, Histoire et Panorama d'un beau Pays.

« Nous ne raconterons pas ici les intrigues et les manœuvres de ce traitre (Chévetel), qui recevait toutes les confidences des conjurés et les livrait à Danton Nous ne dirons pas comment ce dernier, se ménageant une situation dans chaque camp, ne craienit pas d'écrire une lettre où il protestait de son dévouement à Louis XVI, leitre que Chévetel présenta lorsque du Pontavice découvrit ses rapports avec le trop fameux conventionnel. Et c'était à ce moment même qu'avaient lieu les massacres de septembre. On ne crut pas à Danton, mais on crut à Chévetel. » Le Bouteiller, Journal de Fougères, 1892.

« Chévetel apprit à M. de la Rouërie qu'il avait tout confié à Danton. Il ajouta que celui-ci, partageant leur opinion et voulant seconder leurs projets, lui avait donné le pouvoir de faire déplacer les troupes qui se trouvaient en Bretagne. Chévetel devait, par ce moyen, procurer au parti de grands avantages. » — Note écrile en 1812 par un des membres de la famille Desilles.

Enfin voici le texte de la lettre, vraie ou supposée, de Danton, tel que le donne Th. Muret dans son Histoire des Guerres de l'Ouest.

« Si tout ce que le porteur de la présente m'a dit des dispositions de M. de la Rouërie et de la Bretagne a quelque fondement, j'estime que, pour sauver la France du mauvais pas dans lequel on l'a engagée, les hommes qui ne veulent pas la ruine du pays doivent se réunir dans un commun effort. Il ne s'agit plus ici de discussion de principes plus ou moins contestables : il faut sauver le trône constitutionnel et l'intégrité du territoire. Dans le cas probable où la Bretagne pourrait offrir quelque réalité à un mouvement combiné sur ces bases, j'autorise le porteur de la présente à traiter en mon nom et en celui de mes amis qui, comme moi, ne veulent pas s'enfoncer jusqu’au fond de l'anarchie. »