Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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gagner la Brelagne ; plusieurs se brülèrent la cervelle. Le reste reflua sur Liège, où, suivant l’ordre de la cour de Vienne, les débris de l'armée des Princes devaient prendre leurs quartiers d'hiver !.

Les récits de cette catastrophe commençaient à circuler en Bretagne et y causaient un indicible effarement : le marquis de la Rouërie, avisé l’un des premiers, avait recu, dès la fin de septembre une lettre de Calonne?, l’avertissant de « diff erer de se montrer », et qu'on « agirait en grand dans le mois de mars ».

Il essaya de se faire illusion : il ne voulait pas s’'avouer vaincu sans combat ; il cherchait à se persuader que ses chances restaient entières et qu'il était assez fort pour agir avec le seul concours de ses affiliés.

Il tenta de faire partager cet espoir insensé aux chefs de l’association, qu’il convoqua secrètement à la Fosse-Hingant ; combien cette réunion diftérait de celle tenue au mois de mai précédent, alors que la certitude de la victoire prochaine enflammait tous les courages. Aujourd’hui, quelques

1. Mémoires d'outre-tombe ; — et Chuquet, la Retraite de Brunswick.

2. C’est très probablement Fontevieux qui apporta au marquis la fatale nouvelle : il devait, semble-t-il, accompagner l'armée des Princes en Champagne, sans doute comme faisant partie de l'état-major de Calonne. Nous trouvons en effet un passeport à son nom, visé à Sedan, à la date du 39 septembre 1792. Archives nalionales, W, 274.