Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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commissaires seulement furent exacts au rendezvous : l'accueil fut silencieux et triste. Les plus fidèles cependant étaient là, Desilles, Dubuat de Saint-Gilles, Fontevieux, Thérèse de Moëlien.… Chévetel. Quand ses amis eurent pris place autour de la table, la Rouërie parla d’un projet de prise d'armes, qui serait indubitablement secondé par les agents royalistes de Paris et par une descente sur les côtes des émigrés de Jersey : il proposa la date du 10 octobre ; mais un silence accueillit ses paroles.

Le marquis. agité, fiévreux, interrogeait les assistants du regard : l’un d’eux émit enfin la crainte qu'une tentative si peu préparée n’eût d'autre effet que de hâter la perte du roi. Les autres, alors, encouragés par cet argument, se montrèrent unanimement d'avis de « remettre la levée de drapeaux à une date indéterminée ». Les chefs resteraient à leurs postes et se tiendraient prêts au premier signal ; mais les circonstances actuelles imposaient une extrême prudence, et la Rouërie devait comprendre qu'un seul parti lui restait : gagner Jersey et attendre, à l'abri des poursuites engagées contre lui, l'heure favorable à un soulèvement général !.

1. Robidou, Histoire et Panorama d'un beau Puys. — Journal de Rennes, 1847. — Note écrite en 1812 par un des membres de la famille Desilles.