Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 183 que dans l'imagination des deux compères ; en attendant qu'on soit fixé sur ce point délicat, on expédiera en Bretagne Sicard, espion de profession pour surveiller Lalligand, espion amateur.

Sicard n'était pas le premier venu : originaire de Toulouse, soldat pendant cinq ans au régiment de Royal-Dragon, puis employé au Comité d’aliénation de l'Assemblée nationale, il fut attaché au Ministère des Affaires étrangères en mars 1792. D'abord secrétaire de la légation de Mayence, iül venait d’être chargé d’une mission secrète à Genève, lorsqu'on le proposa pour surveiller les menées louches de Lalligand-Morillon. Il ne nous semble pas qu'il accepta ces fonctions, car les dossiers ne contiennent aucune lettre de lui datée de cette époque ! et, dès novembre, on le voit en Pologne et en Bohème, espionnant la marche de l'armée russe : arrèté à Prague, il fut emprisonné au Spizberg et reconduit à la frontière * : nous retrouverons Sicard dans d’autres circonstances.

Lalligand-Morillon, persuadé qu'il passait pour

A défaut de Sicard, un autre fut employé à surveiller Lalligard. Morillon ; nous trouvons, en effet, dans un Exposé «des mesures prises à l'occasion des troubles de Bretagne, cette indication : «Le Ministre des Affaires étrangères fit suivre le citoyen Morillon par un commis de son département qui, à l'insu de Morillon, prit toutes les informations. » — Archives du Département des Affaires étrangères, 1408.

2, Frédéric Masson, Le Département des Affaires étrangères pen«dant la Révolulio:.