Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

184 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

indispensable, courait de Rennes à Laval, de Laval à Saint-Malo. IL vient un jour sonner à la porte du château de la Fosse-Hingant et se présente à Desilles, dans l'espoir de surprendre quelque secret : il se fait passer pour un ancien officier royaliste blessé en défendant les Tuileries au 10 août!. Desilles resta froid et ne se livra point; mais il indiqua au faux proscrit un moyen sûr de gagner lesiles anglaises, facilité dont l’espion profita, non point pour lui-même, mais pour Burthe, qu'il retira des prisons de Laval et qu'il envoya à Jersey. L'expédition ne donna d’ailleurs aucun résultat : Burthe, dont la nullité était parfaite, ne rapporta de Saint-Hélier qu'un renseignement: il y avait appris que les royalistes de Paris achetaient chaque jour 100 livres de pain pour les jeter dans les latrines et, de cette façon, faire naître la famine? !

De Rennes, Lalligand se faisait fort «de conduire toute l'affaire »; mais il demandait des subsides au Ministre :

Les 6.000 livres que j'ai reçues sont en partie absorbées; d’ailleurs ce n’est pas dans cette circons-

4. Récit de Chévetel. Il faut observer que la famille Desilles à affirmé que jamais, à cette époque, Lalligand ne s'était présenté à la Fosse-Hingant. — Nofe écrite en 4812 par un des membres de la famille Desilles.

2, Rapport de Morillon à Lebrun, 22 décembre 1192. — Revue de la Révolution, t. VI.