Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 193 aux troupes de la Rouërie, dans le cas, fort improbable, d’un échec. »

Chévetel partit pour Liège, où le comte d'Artois l’accueillit dès son arrivée : admis, sur le pied de l'intimité, à la cour aussi précaire que turbulente dont s’entourait le Prince exilé, il fut traité en héros par tous les royalistes, dont le complot breton représentait le dernier espoir ; ses journées se passaient dans les antichambres du Palais épiscopal qu'habitait le comte d'Artois; il était recu en audience privée, servait de confident à tout le monde; comment parvint-il, sans se trahir luimême, à mener une si vaste intrigue? Par quel moyen arriva-t-il à tromper tant de gens que le malheur avait dû rendre soupconneux, à entretenir une correspondance suivie avec la Rouéërie, avec Danton, avec Calonne? — (C’est un problème dont il ne nous à pas livré la solution : toujours est-il qu'il apprit bien des choses.

Il assurait plus tard, — et ce fait trouva place dans son rapport au Ministre, — avoir vu vivant et bien vivant chez M. de Vaudreuil! le marquis de Favras, pendu trois ans auparavant sur la place de Grève! Chévetel se laissa conter « que, sous prétexte de rendre le supplice plus apparent, on avait donné à la potence une hauteur extraordi-

1. Bazire, dans son rapport à la Convention dit : « dans la imaison du vieux Broglie ».

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