Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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naire; qu'on mit au cou du condamné un collier de fer, réuni à ses pieds par des lanières de cuir, de sorte que la corde ne serra point »; el voilà pourquoi les parents du supplicié s'étaient tant hâté de décrocher le corps et de l'emporter.

Pendant les trois semaines qu’il passa à Liège, Chévetel s’occupa à dresser une liste des émigrés qu'il envoya à Danton «avec quelques renseignements et quelques détails », note-t-il ingénument : s’il dressait des tables de proscription et de mort, c'était à seule fin de charmer ses loisirs, car le comte d'Artois l'avait invité à ne point quitter la ville avant le retour de Calonne, en l'absence duquel on ne pouvait rien décider. Mais, comme celui-ci ne paraissait pas,comme on apprit bientôt que ses créanciers le gardaient en surveillance à Londres et se refusaient à ce qu'il quittât l’Angleterre, il fallut bien se passer de ses lumières.

1. Comple Rendu par Chévetel. — Archives nationales, W, 274. — Rapport de Bazire à la Convention: Réimpression du Moniteur, XNIII, 45.

IL faut reconnaitre que les circonstances de l'exécution de Favras avaient été assez étranges. Voici comment raconte les faitsle Dictionnaire encyclopédique de la France, par Ph. Lebas :

« Jusqu'au dernier moment Favras concevait l'espoir que sa grâce lui serait accordée. Il avait envoyé un message à Monsieur... il n’en recut point de réponse. Il fit alors de nouveau quelques aveux; puis, se résignant enfin, il se rendit au lieu du supplice, monta courageusement à l’échelle et fut pendu à la lueur des flambeaux, à dix heures du soir. Deux heures après, son corps fut rendu à sa famille, Comme il n’était pas encore refroidi, on conçut

l'espoir de le rappeler à la vie. Un médecin le saigna ; le malheureux ouvrit les yeux, jeta un soupir et expira. »