Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

CHÉVETEL 195

Le comte d'Artois reçut donc une dernière fois Chévetel et tous deux tinrent conseil : le Prince approuva pleinement le plan d’insurrection projeté et la date du 10 mars indiquée pour la prise d’armes : il ne refusait pas, en principe, d'aller se joindre aux Bretons quand le moment d'agir serait venu; mais «il ne savait comment s'y prendre pour se séparer de son frère » ; et puis, il faudrait obtenir des secours en argent de l'Angleterre, en hommes de Brunswick, et la conduite hésitante de celui-ci restait inexplicable ; si l’on était obligé dé se passer de son concours, on attendrait. pour envoyer des régiments en Bretagne, que la Suisse fit son entrée dans la coalition, ce qui ne pouvait tarder.

Telles furent les décisions auxquelles s'arrêta le comte d'Artois; Chévetel et Fontevieux, qui ne s'étaient point Jépasé pendant ce voyage de trois mois, n'avaient plus rien à faire à Liège. Fontevieux s’embarqua à Ostende, se chargeant de porter au marquis de la Rouërie la réponse du Prince: Chévetel prit congé à son tour et revint diistes ment à Paris, où il rendit compte à Danton du résultat de son ambassade.

On était aux derniers jours de 1792; si l’entreprise de la Rouërie se trouvait retardée, le succès, en somme, n'en était pas compromis, du moins