Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 209

soigna avec sollicitude : il ne quittait guère la chambre du malade et ne descendait que pour prendre les repas en commun avec la famille de la Guyomarais !. Devant ses enfants et ses gens, le maître de la maison n’appelait jamais son hôte que du pseudonyme de Gasselin, sous lequel il s'était présenté chaque fois qu’il avait cherché refuge au château; les domestiques devinaient, aux prévenances dont l’inconnu était l'objet, qu'il était un personnage d'importance, mais n’en savaient pas davantage.

Le 18 janvier, Saint-Pierre se leva guéri: le marquis différa néanmoins son départ, se sentant lui-même fatigué. Le lendemain, il s’alita : il était en proie à une fièvre ardente qui s’augmenta la nuit suivante : M. de la Guyomarais, fort inquiet, envoya chercher à Lamballe le D' Taburet?, qui, depuis vingt ans, élait le médecin de la maison ; mais, pour ne pas éveiller les soupçons et justifier la visite de Taburet, il s’appliqua à répandre le bruit que sa fille Agathe souffrait d’un violent mal de gorge et d’une inflammation de poitrine?.

1. Interrogatoires de H. Robin, de J. David, de M” de la Guyomarais. — Archives nationales, W, 274.

2. Charles-Alexis Taburet, médecin à Lamballe, diplômé le 20 mars 1113 à Angers. Lisle des Médecins, Chirurgiens et Officiers de santé, dressée en vertu de la loi du 19 ventôse an XI. — Archives nationales.

3. « La maladie de M'- de la Guyomarais était un prétexte pour faire venir les médecins et ne pas éveiller la curiosité publique. »

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