Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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l'acquisition d’un hôtel, monta luxueusement sa maison et devint l'habitué des lieux de plaisir ! ; recherchant tous les moyens agréables de dépenser sa fortune et séduit par la jeunesse de M'° Beaumesnil qu'on disait d'une vertu accessible, il lui offrit sa protection, agrémentée d’une pension mensuelle de mille écus : l'actrice ne se montra point sévère et bientôt rien ne manqua plus à la félicité de M. de la Belinaye. | Il s'était, par surcroît, institué le mentor d’un de ses neveux, Charles-Armand Tuffin de la Rouërie ?, enseigne-drapeau au régiment des Gardes françaises, et il s’'appliquait à l’initier aux douceurs de la vie parisienne. Le jeune homme fut élève docile, étant à l’âge où l'on apprend vite : il avait, en effet, lorsqu'il arriva à Paris, dix-sept ans°, un cœur sensible et généreux, un

1. Le récit des aventures amoureuses de la Belinaye se trouve dans la 2° édition du Dictionnaire des Anecdotes historiques de l'Amour depuis le Commencement du Monde, Troyes, 1811, t. VII, p. 223 et suiv. On ÿ rencontre bien des détails de pure fantaisie : nous n'en retenons que ce qui concorde avec des témoignages moins apocryphes.

2. En Bretagne le nom se prononcait et se prononce encore la Rouarie. On écrit ordinairement {a Royrie où la Rouairie. Nous adoptons cependant l'orthographe des pièces officielles.

3. Extrait des registres de la paroisse de Saint-Léonard-deFougères, diocèse de Rennes, province de Bretagne :

« Armand-Charles, fils légitime de messire Anne-Joseph-Jacques Tuffin, chevalier, seigneur comte de la Rouërie et de dame Thérèse de la Belinaye, ses père et mère, né du jour d'hier, a été baptisé ce jour, 14 avril 1780. Parrain messire Armand-Magdeleine de la Belinaye, chevalier, seigneur comte dudit lieu; mar-