Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

212 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

cheval!; à travers la nuit humide et noire, par les sentiers détrempés, on s'achemina lentement vers la ferme de la Gourhandais: M. de la Guyomarais et son fils Casimir dirigeaient la marche hésitante du cheval : Saint-Pierre soutenait le corps affaissé du marquis; tous gardaient le silence: on eût dit un cortège funèbre.

Ils arrivèrent ainsi à la Gourhandais, ferme située à quelque cents mètres du château, à la lisière de la Hunaudaye, de l’autre côté du ruisseau des Petites Noës. Le fermier consentit à recueillir le proserit : on le coucha dans un de ces lits bretons. en forme de buffet, carrés, touchant presqu'au plafond et n'ayant qu'une petite ouverture se fermant au moyen de volets mobiles. La fermière s'institua sa garde-malade.

De retour au château, M. de la Guyomarais se hâta de faire disparaître toute trace du séjour du marquis: il enfouit dans le double fond d’une armoire sa valise, ses effets, ses armes, et replia les couchages : ilterminait à peine cette besogne qu’on entendit le bruit d’une troupe en armes, descendant l'avenue; il était quatre heures du matin.

Les patriotes de Lamballe pénétrèrent dans la cour, semparèrent de toutes les issues, et leur chef entra dans la maison qu'il visita des caves

1. Portraits de Famille, par le comte de Sainte-Aulaire.