Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 224

recueilli, était plus compromettant mort que vivant. À quelle autorité déclarer le décès de cet homme que toutes les brigades de gendarmerie cherchaient depuis six mois? Comment avouer qu'on recélait le corps du fameux rebelle dont la tèle était mise à prix! ? Et, si on s’abstenait de le faire, où enterrer le cadavre, par quel moyen faire disparaître ?

Il y eut là, pour M. de la Guyomarais, qui non seulement risquait sa tête, mais aussi celle de tous les siens devenus ses complices, une journée de poignante angoisse. Il fallait cependant prendre rapidement un parti : la maison était évidemment suspecte et exposée, d’un moment à l’autre, à une nouvelle visite domiciliaire. M. de la Guyomarais proposa d’abord d’attendre la nuit pour porter le corps du marquis dans l'enfeu de la famille au cimetière de SaintDenoual, paroisse dont dépendait le château ; mais l'annonce qu’un peloton de gendarmes occupait le village fit abandonner le projet?. La Hunaudaye offrait ses taillis, presque impénétrables : on pouvait, sans passer à proximité d'aucune habitation, porter le cadavre dans la forêt et l'inhumer au fond de quelque ravin ignoré. Mais cette sorte de pro-

4. Voir page 251. 2, Souvenirs de Casimir de la Guyomarais.