Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 227

d'avoir perdu son maitre, il s’accusait d’être la cause involontaire de sa mort. Il accepta donc avec joie la périlleuse mission de porter à Desilles les papiers de la Rouërie et l'argent trouvé dans sa ceinture : il partit dans la nuit du 1° février, et les habitants de la Guyomarais reprirent, en apparence tout au moins, l'existence calme qui leur était habituelle.

Chévetel, dès son retour de Belgique, avait adressé deux rapports : l’un à la Rouërie ! pour lui rendre compte de son voyage, l’autre au Ministre pour le mettre au courant de la situation et des projets de la conjuration. Ce rapport, daté du 24 janvier 1793, était à peine envoyé que Chévetel reçut une lettre de Thérèse de Moëlien, inquiète de l'état du marquis, dont elle avait appris la maladie, tout en ignorant encore l’endroit où il s'était réfugié : elle suppliait Chévetel de venir donner des soins à leur ami souffrant, se faisant fort de le faire parvenir jusqu’à lui. |

1. Dans son récit, Chévetel fait une allusion discrète à sa correspondance avec le Marquis, correspondance « qui, dit-il, n'a pas été inventoriée ». Il est singulier, en effet, qu'on n'ait jamais trouvé, dans les papiers des conjurés, une seule des lettres écrites par Chévetel ; mais nous avons déjà insisté sur la crainte

qu'il avait de se compromettre et ses mesures de prudence étaient bien prises.