Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

228 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Chévetel fut ravi de l’aubaine : il s’en prévalut auprès des autorités, et, le 1° février, Le conseil exécutif provisoire rendait un arrêté enjoignant aux Ministres d'envoyer en Bretagne un corps de troupes qui devait se tenir aux ordres «des personnes porteurs des pouvoirs pour arrêter les chefs des conjurés ! ».

Ces personnes, on l'a deviné, n'étaient autres que Latouche-Chévetel et Lalligand-Morillon : la collaboration des deux personnages avait donné de trop brillants résultats pour qu'on songeàt à leur « retirer l’affaire ». Ils étaient d’ailleurs indispensables l’un à l’autre, Lalligand ne pouvant agir que sur les indications de Chévetel, et celui-ci se refusant à mettre ostensiblement la main à la besogne.

1. Extrait des registres des délibérations du Conseil exécutif provisoire, du 4°° février 1793 :

« Sur la communication donnée au Conseil par le Ministre des Affaires étrangères de renseignements qui lui sont parvenus par les agents qu'il a envoyés dans la ci-devant Bretagne, il résulte qu'il existe une conspiration dont les chefs sont connus et ont à leur disposition un certain nombre d'hommes armés prêts à se réunir.

« Le Conseil exécutif, considérant qu'ilimporte de s'assurer de la personne de ces chefs, arrète que le Ministre des Affaires étrangères se concertera avec le Ministre de la Guerre, afin que des troupes marchent vers les lieux où il sera jugé nécessaire, et qu'elles soient à la réquisition des personnes qui seront porteurs des pouvoirs et des ordres pour arrêter les chefs des

conjurés. « Pour ampliation conforme aux registres :

« GROUVILLE. » Archives nationales, W, 214.