Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE DRAME DE LA GUYOMARAIS 245

fait que passer devant le juge : elle ignore toutes les circonstances du drame et n’a même jamais entendu prononcer le nom de la Rouërie.

Le jour était venu: depuis dix-buit heures Lalligand exaspéré et Petitbon toujours souriant s'efforçaient d’arracher aux prévenus un aveu ou de surprendre dans leurs réponses une contradiction : seul, Perrin avait parlé; et, maintenant, qu'on interrogeait M*° de la Guyomarais et son mari, Burthe s’occupait à entretenir l'ivresse du jardinier : il s'était atlablé près de lui dans la cuisine, lui versait de l’eau-de-vie!, tout en comptant négligemment des pièces d'or. Perrin, à tout instant, demandait à parler au citoyen juge? ; enfin, le voyant à point, Burthe lui offrit cent louis s’il voulait le conduire à la tombe du marquis. Le jardinier le regarda, hébété, comme sous l’impression d’une suprême lutte de sa conscience, mais l'ivresse et la cupidité l’emportèrent :

— Venez, dit-il.

Burthe et Lalligand sortirent avec lui du chàteau : une trentaine d'hommes, gendarmes ou _ gardes nationaux, les escorlèrent, le reste de la troupe conservant ses postes et surveillant les pré-

1. Souvenirs de Casimir de la Guyomarais.

2. Le procès-verbal de Petitbon note qu'à plusieurs reprises Perrin se présenta spontanément pour compléter ses déclarations. — Archives nationales, W, 274.