Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

246 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

venus groupés dans le salon du rez-de-chaussée.

Perrin traversa la cour de la ferme, et, poussant une barrière, entra dans le bois : Lalligand, Burthe et Petitbon suivaient; des paysans, attirés par le bruit des événements qui se passaient à la Guyomarais, étaient venus, à l'aube, des fermes voisines, du Bas-Beulay, des Feux-Morins, de Landébia, et regardaient curieusement. Arrivé aux chènes, le jardinier désigna d'un geste le houx qu'il avait lui-même planté sur la tombe.

Il y eut quelques minutes d’hésitation : qui allait ouvrir la fosse? Lalligands'adressa à deux paysans! qui s'étaient rapprochés : ils consentirent. Pendant qu'ils cherchaient des oulils, quatre cavaliers, crottés jusqu'aux yeux, pénétrèrent dans le bois, descendirent de leurs montures, et, fendant le cercle des curieux, marchèrent vers Lalligand qui les regardait, assez surpris : il se remit vite, ayant reconnu deux d’entre eux pour être les citoyens Marjot, administrateur, et Grolleon, procureursyndic du district de Lamballe, avec qui, l’avantveille, il avait concerté son expédition : ceux-ci Jui présentèrent les autres : d'abord le citoyen Olivier Ruperon, administrateur du directoire du département des Côtes-du-Nord, accouru de Saint-Brieuc, où il avait appris que deux commissaires de la

1. « Deux journaliers habitant la Guyomarais, » dit le procèsverbal. C'était, sans doute, des ouvriers de la ferme.