Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

290 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Ils signaient ensemble, comme on le voit, et vivaient en parfaite intelligence ; ce qui n’empèchait pas Sicard d'adresser secrètement à ses chefs son petit rapport quotidien; il avait décidément conçu une assez médiocre opinion des deux personnages objets de sa surveillance: on en jugera par ce rapport daté de Laval.

Nous voilà au milieu de notre convoi, prenant toutes les mesures pour les loger sûrement; jusqu'ici cela marche assez militairement. Nous n'avons pas été sans embarras hier à l'arrivée à Vitré. Ici beaucoup de spectateurs, mais plus de douceur.

Il est malheureux d'être obligé de fournir des soupcons sur des infidélités qui portent sur des intérèts particuliers de la part de mon second (Lalligand). Une malle prise à Rennes, voyageant avec nous et dont j'ignore le contenu, me donne des soupçons; elle est lourde, on dit qu’elle appartient à Chévetel !. Que veut dire cela?

Je crois que tu feras fort bien? d'amener à l’endroit où tu nous rejoindras et qui, sans doute, sera Versailles, un homme pris parmi ceux dont tu m'as parlé : ce sont des agents de ta police. Il faudra qu'il soit intelligent et surtout que le second? ignore que tu l'as amené.

1. Cette allégation concorderait assez bien avec les souvenirs des dames Desilles, et il est probable que cette malle contenait l'argenterie trouvée à la Fosse-Hingant et dont, nous l’avons vu, Chévetel s'adjugea la plus grande partie (V. p. 274, note).

2. La lettre est adressée à Ysabeau, premier commisdes Affaires étrangères.

3. Lalligand.