Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

294 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

dirent pendant toute la soirée le bourdonnement lugubre de la foule, qui, massée devant la porte, réclamait la proie dont la vue l'avait mise en goût; et, dans l’intérieur de la prison, le guichetier, affolé, en proie à un tic nerveux el effrayant, agitait sans cesse son bruyant trousseau de clefs en répétant : « On a fait de mème aux prisonniers d'Orléans ; ils vont vous massacrer comme les prisonniers d'Orléans !... » Ce geôlier avait été témoin des massacres de septembre et en était resté frappé au point qu'au seul souvenir de ces scènes d'horreur il tombait en convulsions".

Enfin, au milieu de la nuit, la terrible odyssée s’acheva ; le convoi prit la route de Meudon et par l'interminable route de Vaugirard entra dans Paris et vint s'échouer à la porte de l'Abbaye.

Dans la prison, regorgeant de détenus, il fallut, à grand'peine, entasser les vingt-cinq Bretons, auxquels on joignit, sur le mème écrou, Fontevieux et Pontavice. M°* de Virel, d’Allerac, Roland de la Fonchais furent logées, avec M®° de la Guyomarais et Thérèse de Moëlien dans la petite pièce qu'avait quittée, deux jours auparavant, le duc d'Orléans envoyé en captivité à Marseille ; ils y trouvèrent de menus objets laissés par lui, entre autres une /mttalion de Jésus-Christ,

1. Journal de Rennes, 1841, d’après les souvenirs des dames Desilles.