Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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portant son nom, ornée d’une miniature représentant le Sauveur chargé de la Croix et montant au Calvaire! ; les cinq femmes s’installèrent, tant bien que mal, dans cette étroite cellule où deux personnes n'auraient pu vivre à l’aise.

Pourtant, à part l’encombrement de la prison, l'existence matérielle, à l'Abbaye, était supportable ; et puis on s’y trouvait en éminente compagnie: les dames Desilles y formèrent quelques relations avec M*° Roland ; dans les notes ajoutées à ses Mémotres, la fameuse Girondine traça de ces compagnes de sa captivité un rapide croquis : « M%% de Virel et d’Allerac sont, dit-elle, deux Jeunes femmes douces et honnêtes dont l’aînée, veuve de vingt-sept ans, ne manque pas d’amabilité ni de caractère ; la plus jeune était d’une santé fort languissante. Quant à Angélique Desilles, femme de Roland de ia Fonchais, la conformité de son nom avec le mien occasionna des quiproquos singuliers de la part d’un de mes amis, qui projetait de m’enlever. »

Le concierge de l'Abbaye, nommé Lavacquerie, important personnage, n'était pas un méchant homme : il autorisait ses locataires forcés à recevoir, au parloir, les visiteurs munis de permissions. Les Bretons purent donc s’entretenir avec

1. Journal de Rennes, 1847.