Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits
— 141 —
gards. Vous allez ouvrir dans le mariage des prêtres une nouvelle source à l’éducation générale. Il faut un ménage régulier, il faut une femme pour élever, pour soigner de jeunes enfants ; vous créez donc par là, tout à coup, dans le royaume, des milliers de pensions les plus morales, les plus sûres et les plus honnêtes ; vous faites par là, d’un grand nombre de curés, non-seulement des pères de famille, mais en quelque sorte des pères de la patrie qui en recevront leur récompense.
Enfin, Messieurs, l'Eglise a forcé les prêtres au célibat, nous ne proposons pas de les forcer au mariage, mais de leur permettre le mariage. Chacun d'eux consultera, pour cela, comme tous les autres citoyens, son goût, sa fortune, ses circonstances, ses ressources. Quand il serait possible après cette génération que la plus grande partie des prêtres préférassent un célibat volontaire, ce qui narrivera sûrement pas, vous auriez rendu néanmoins un service signalé aux autres prêtres, vous auriez beaucoup fait pour la patrie en les admettant au mariage.
Nous touchons done au moment, Messieurs, où la prêtrise ne sera plus un obstacle aux nœuds de l’hymen. Vous allez détacher, dès à présent, cette importante question des autres questions matrimoniales qui vous seront soumises dans leur temps et sur lesquelles vous n’exercerez pas moins vos droits, vous ne porterez pas moins un regard de liberté et de sagesse que sur celle-ci. Vous ne souffrirez pas sans doute