Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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qu'un pouvoir spirituel vienne décider du sort de vos noms et de vos familles, qu’il puisse éterniser ou rompre à son gré les nœuds du mariage ; qu’il puisse décider pour vous, pour vos enfants, pour la société qui lon peut épouser, qui l’on ne peut pas ; qu’il dispose ainsi de notre législation civile.

Maintenant qu’il me soit permis de me placer, par la pensée, dans les premiers temps de l'Eglise, de supposer que je vois assemblés devant moi tous ceux qui en ont été les premiers fondateurs, les premiers soutiens, les premiers ornements. Comment pensezvous qu’ils jugeassent la question que je vous pré-

sente? Ils la jugeraient sans doute comme ils l’ont déjà jugée ; appuyés de plus des lecons et de Pexpérience de dix-sept siècles. Eh bien, Messieurs, vous l'avez cette expérience; faites ici ce que la religion ferait elle-même, levez les obstacles que la superstition et la politique ont placés sur la route de la vertu et du bonheur. Des hommes sont venus, ils ont dit à une partie du genre humain: « Nous vous frappons de stérilité. » Vous êtes venus aussi, vous direz: « Nous vous rendons aux droits de l’homme qu’on vous à ravis ; nous vous rendons à un état légitime, à la dignité du citoyen. »

Aïnsi, Messieurs, l’Assemblée nationale de France ne fera que consacrer le vœu d’une multitude de sages, d'hommes pieux et éclairés, d’empereurs, de princes, d’un grand nombre d’ecclésiastiques de tous les pays et de tous les temps qui ont fait entendre