Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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l'Autriche, qui lui assurait une pension de 4000 florins et une existence indépendante, n’a influé sur sa manière de voir et de juger les choses. Au contraire, Vienne, où il arrive au milieu de l'été, lui produit d’abord, malgré toutes les recommandations dont Stadion et Metternich l’ont muni, une assez mauvaise impression‘. Et il ne se gène pas pour faire des critiques parfois assez dures de la société où il va être accueilli à bras ouverts. C’est donc sans enthousiasme et avec une forte dose d'esprit critique qu’il arrivait en Autriche. Son voyage à Londres, qui l’intéressa si fort, clôt en quelque sorte la période de sa vie qu’il consacra à s’occuper de politique intérieure. Il voit enfin fonctionner cette constitution anglaise qu’il avait tant louée, et peut lier des relations personnelles avec les hommes dont il admirait la ténacité dans la lutte contre la prépondérance française.

Le modeste fonctionnaire prussien est devenu un personnage.

Ce n’est plus seulement par de petits princes comme le duc de Weïmar, c’est par les plus grands souverains de l’Europe qu’il est reçu, par l'empereur d'Autriche, par le roi et la reine d'Angleterre,

1. Cf. Ed, Wittichen. IL, lettre à Adam Müller, No 198, . 365 et suiv.

Ibid. IT, lettre à Brinckmann, N° 121, p. 96 et suiv.