Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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au cours de la même année. Il entre en relations avec le futur roi Louis-Philippe à Londres, et partage avec lui bien des idées {.

Au début, ces succès le grisèrent un peu, et en route pour l'Angleterre, il écrivait de Weïmar à Adam Müller que «sa carrière de jeunesse était terminée, qu’il n’aspirait plus qu’à de grandes actions, et qu’il arriverait à mettre ce monde amolli sinon en mouvement, du moins en fermentation? ». Ces explosions de joie naïve proviennent d’une vanité bien compréhensible. Mais elles ont une signification plus profonde : Désormais Gentz à conscience de sa propre valeur, il a conscience de son action sur les hommes, et va s’en servir pour essayer de réaliser ses idées. Dès les premiers temps de son séjour à Vienne, son activité politique va prendre un tout autre caractère qu’à Berlin. A part les Fragments et un gros ouvrage sur les rapports de l'Espagne et de l'Angleterre, ce n’est plus dans des publications qu’il va exposer ses vues. C’est dans la conversation journalière, au cours des cérémonies mon-

1. Sur les deux jours qu'il passa à Twickenham, voir lettre à Adam Müller, éd. Wittichen, II, N° 201. (Londres, 1e décembre 1802) p. 404. Voir aussi la lettre N° 197, p. 390 (Londres,

15 novembre 1802).

2, Ed. Wittichen. II, lettre 96 (6 octobre 1802, p. 372). Il avait déjà écrit à Prague, le 18 septembre : «Ich weiss es jelzt, dass ich noch grosse Dinge tun soll, und ständen Himmel und Erde gegen mich auf, ich würde sie tun.»