Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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daines sans nombre auxquelles il assiste. Admis dans les salons de la plus haute aristocratie autrichienne, il va petit à petit y répandre ses idées. Que dans ses rapports avec la société viennoise il y ait eu action et réaction, c’est ce qui ne peut être mis en doute. Mais tout de suite Gentz joue un grand rôle. Absolument libre de son temps, n’étant astreint à aucune besogne déterminée, il entend aussi garder sa pleine indépendance d'esprit. En face du gouvernement, des ministres qui l’ont fait venir, qui ont vaincu les résistances de l’empereur (qui ne voulait d’abord pas entendre parler de cet « étranger », de ce « protestant»), en face enfin de ceux à qui il doit tout, aucune servilité. Gentz pousse même l’ingratitude jusqu’à faire partie de la cabale qui se propose de renverser Colloredo et Cobenzl, de ce qu’on a appelé le « parti de la guerre ». Cette coterie, groupée autour de l’archiduc Jean, veut pousser le gouvernement à une intervention armée contre la domination napoléonienne. 9 Gentz était l’âme de ce mouvement. Bien entendu, une telle conduite l’éloigna de plus en plus de Colloredo et de Cobenzl. En arrivant à Vienne en 1802, il avait trouvé le gouvernement disposé à résister aux conquêtes pacifiques du Premier Consul; dans ces conditions, on pensait au ministère avoir besoin de lui dans un assez bref délai. Lorsqu'il revint dans 13