Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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L’assassinat du duc d’Enghien avait vivement frappé à Vienne toutes les imaginations, et provoqué une véritable indignation dans cette société déjà très opposée à tout ce qui venait de la Révolution. Peut-être en partie sous l'influence des idées légitimistes de l’aristocratie autrichienne, Gentz, effrayé par l’accroissement du pouvoir qu’allait constituer pour Bonaparte le titre impérial, va se mettre en rapports avec le souverain légitime de la France, Louis XVIII, et avec un des champions de l'idée monarchique. le roi de Suède Gustave IV.

Si on lit ses mémoires en français de cette époque, on est étonné de voir combien le ton déclamatoire et emphatique qu’il y emploie contraste avec le langage passionné parfois, mais toujours si précis et si net de ses traités soit de 1801 soit de 1805. On n’était plus habitué à le voir juger les événements des quinze dernières années à la Mallet du Pan, à l'entendre parler de «révolution infernale», d’ «épouvantables forfaits ? », d’ « échafaudages de rébellions et de crimes5». Y a-t-il ici chez lui une recrudescence de rage antirévolutionnaire ? Nous

1. Mémoires et lettres inédits. Ed. Schlesier. Mémoire sur la nécessité de ne pas reconnaître le titre impérial de Bonaparte. p. 5.