Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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entre la Prusse et la France venait d’être décidée. N’était-ce pas pour Gentz le moment de voir se réaliser un de ses vœux les plus chers, l’union de la Prusse et de l’Autriche contre la domination napoléonienne? Il avait essayé d'amener une entente entre le prince Louis-Ferdinand et l’archiduc Jean, tous deux à la tête du «parti de la guerre» dans leurs pays respectifs. Cette fois, c’étaient les Prussiens qui venaient au-devant de ses désirs, et Haugwitz l’invitait à aller au quartier-général de Naumburg. Il y alla. De ce voyage, il nous a laissé un récit qui ne fut publié pour la première fois que quelques années après sa mort !. Il y fait un tableau très vivant du haut commandement prussien, dont il soupçonne l'insuffisance, rend compte de l’audience que lui accorda la reine Louise, avec laquelle il était d'accord sur les points essentiels. Puis Gentz rédige avec Lombard le manifeste où la Prusse essaie de justifier sa conduite. Mais il ne peut rien de plus. Au fond, Haugwitz s'était fait des illusions sur son influence à Vienne, qui n’était pas assez considérable pour pousser l’Autriche à la guerre. D'ailleurs, celle-ci, non remise encore des désastres de 1805, n’eût sans doute pas été en état d’interve-

1. Journal de ce qui m'est arrivé de plus marquant dans le voyage que j'ai fait au quartier-général de S. M. le roi de

Prusse, le 2 octobre 1806 et les jours suivants. Mémoires et lettres inédits du chevalier de Gentz. Stutigart 1841. p. 223-240.