Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
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aux efforts de la diplomatie pour assurer la paix européenne de l’avenir. Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que la rivalité personnelle des deux hommes prit vite une forme assez aiguë pour que Metternich rencontrât à plusieurs reprises dans sa vie intime les ressentiments d'Alexandre. La première fois, le procédé de celui-ci consiste à exploiter la jalousie féminine de la princesse Bagration, à qui la duchesse de Sagan a succédé dans le cœur de Metternich, pour faire de cette princesse un véritable agent de la diplomatie secrète russe en Autriche. Une autre fois, il s’agit de profiter des circonstances où se trouvait la duchesse de Sagan. Elle avait de grandes propriétés en Russie, et à ce propos s’élevaient de graves difficultés. Le puissant monarque lui aurait fait comprendre qu’elles se trouveraient toutes aplanies le jour de sa rupture avec Metternich. L’insinuation ne seraït pas tombée dans l'oreille d'une sourde. C’est au moins ce que personne ne se génait de dire à Vienne au début de novembre 1814*,
Vis-à-vis de Caradja, pour une foule de raisons faciles à comprendre, Gentz néglige ces facteurs accessoires ou se contente d’y faire une allusion des
1. August Fournier. Die Geheimpolizei, p.283. Rapport de police du 2? novembre 1814: «Da nun ïihre Sachen immer schlimmer zu stehen kamen, so liess ihr Alexander durch die dritte Hand sagen, dass nur ein fôrmlicher Bruch mit Metter-
nich ihren Angelegenheïiten bei Alexander eine günstige Wendung geben kônne. »