Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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plus discrètes en usant d’une formule très vague. Il parle des succès de son maïtre « tant dans la politique qu’en société ! », ce qui semble un euphémisme à propos de l’aventure que nous venons de raconter. Sans vouloir en effet rien retirer à Metternich de sa grâce séduisante, il nous paraît un peu exagéré de qualifier de succès le résultat obtenu dans l’affaire de la duchesse de Sagan, grâce sans doute de la part d'Alexandre à certains procédés qu’il ne nous appartient pas de qualifier. L'histoire impartiale doit, eroyons-nous, rectifier la phrase de Gentz en disant que les succès comme les insuceès mondains, tout fut mis en œuvre dans cette rivalité qui finit par devenir âprement personnelle. Et là aucune expression n’est trop forte. Lorsque les rapports des deux hommes sont tendus à ce point, il est permis de parler de «rage », de « frénésie », de « haine implacable*», Cependant Gentz n’a peut-être pas tort d'attribuer un rôle plus grand encore aux facteurs purement politiques.

Parmi ceux-ci, un des plus importants lui semble

1. Mémoires, Documents el Ecrits divers laissés par le prince de Meiternich. II, p. 477.

2. Ibid. II, p. 477. Au cours d’une discussion qui eut lieu le 24 octobre 1814, le tsar se serait même exprimé vis-à-vis de Metternich d’une façon si blessante pour lui, que le ministre autrichien aurait refusé pendant plusieurs semaines de venir lui demander une audience.