Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)
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sur ses idées religieuses, laissons parler un des représentants les plus autorisés du catholicisme français contemporain, M. Georges Goyau.
Il a fort bien jugé Grentz à ce propos; après avoir montré combien sa personne était «imposante par la richesse de ses dons et l’attrayant éclat de son talent », voici comment il essaie de définir sa mentalité : « l’idée religieuse, dont il n’a cure pour sa conscience, est exploitée par sa politique; il estime la foi comme une sorte d’opium qui garantit le repos et le sommeil des humbles, indispensable à la sécurité des puissants. Au nom de cette idée que toute réforme, dans l'Eglise comme dans l'Etat, doit venir des autorités constituées, il condamne le protestantisme, maïs pour lui-même, malgré les instances d'Adam Müller, il reste protestant. «Jamais la relision, écrit-il à Müller, ne sera rétablie comme foi, si elle n’est pas d’abord auparavant rétablie comme loi. Car c’est seulement comme loi qu’elle peut fonder une foi d’obéissance, même chez ceux-là qui étaient ou sont devenus réfractaires à la foi directe.» Tel est le principe dont on ne saurait dire s’il dénote plus de dédain pour l’idée religieuse ou pour l'intelligence humaïne. Il ravale la religion à n'être plus qu’un outil de gouvernement : libre à l’Eglise de réclamer la foi directe; ce que l’Etat de la Sainte-