Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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derme. Sa toilette était blanche, satin et mousseline; sa robe, très échancrée dans le dos, permettait d'admirer sa nuque d’aphrodite et ses charmantes épaules. Ses attitudes ont une grâce naïve, presque enfantine. Ses yeux limpides souvent levés, ses lèvres entr'ouvertes montrant des dents de perle, sa physionomie candide, toute sa personne, en un mot, donnent à penser qu'elle trouve tout naturel de se laisser admirer longtemps dans la même pose. Ses cheveux, bruns et soyeux, très simplement disposés en boucles, étaient relevés assez haut, par un large ruban de velours noir posé en biais et s’abaissant presque au sourcil sur un des côtés du front. Presque toutes les femmes étaient coiffées de même; fort peu avaient des pierreries ou des perles dans les cheveux. Avant de quitter la salle de bal, où la chaleur est bientôt devenue suffocante, je dois une mention à l'orchestre, admirablement conduit par un violoniste mulâtre. Pour chaque française il faisait exécuter six ou huit motifs différents. en variant chaque fois la cadence; il commençait le motif pianissimo et continuait crescendo avec une délicatesse extrême: l'effet était des plus agréables. Le mulâtre et ses deux premiers acolytes, installés assez commodément sur une petite estrade au milieu du grand panneau du salon, avaient les bras libres; mais leurs douze accompagnateurs étaient littéralement collés au mur par les invités qui se pressaient sur dix rangs de profondeur pour voir les danseurs. Un des musiciens annonçait chaque fois la figure que lon allait danser; cet usage, que je ne connaissais pas, paraît adopté dans tous les salons. C’est une fureur d’avoir ce chef d'orchestre

avait été marquée par le triomphe de Marat, acquitté au tribunal

: : révéhutionnaire, porté à travers les rues, le front ceint d’une cou°:.- ronnede chène, sous une pluie de fleurs.