Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

5 décembre.

Aujourd’hui j'ai à vous initier aux mystères du cérémonial. C’est une question qui est devenue une grosse affaire, non seulement pour les audiences du Premier Consul, mais même pour celles des ministres.

Bien que je sois très recommandé à Talleyrand, il a exigé que je lui fusse présenté dans les règles, par notre envoyé, avant d'être admis chez le Premier Consul. Tous les envoyés ont, du reste, été avisés qu'ils ne devaient plus s'occuper que de personnes reçues à leurs cours respectives ou de gens d’une notoriété exceptionnelle. Il faut donc prévenir le ministre des affaires étrangères, lui soumettre la liste des personnes sollicitant une audience du Consul et les lui présenter à lui-même, préalablement à l’audience. On ne va chez le ministre qu'en costume : le noir est toléré pour ceux qui n’ont pas de fonctions; mais le catogan, les manchettes, l'épée et les souliers à boucle sont de rigueur.

C’est samedi, à deux heures, que notre envoyé m'a conduit chez Talleyrand. Dans le salon d'attente, il y avait une centaine d'étrangers devant paraître, le lendemain, à l’audience consulaire. Le nouvel ambassadeur