Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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ou douze généraux, escortés par un autre mamelouk, l’entouraient de très près. |

Bonaparte est bien à cheval et paraît plus grand sur sa selle qu'il ne l’est en réalité. Je ne saurais détailler sa physionomie, ne l'ayant vu que passant devant les fenêtres de l'appartement de Duroc ; ce qui m'a frappé, c’est son calme sérieux qui s’harmonise à merveille avec son profil antique.

Chaque corps d'infanterie avait sa musique, qui jouait au moment où Bonaparte passait devant le front; j'ai remarqué avec surprise que les morceaux n'avaient pas un caractère belliqueux. Il n’y a que la musique de la garde consulaire qui ait exécuté une marche militaire. Cette excellente bande est ensuite venue se placer au milieu de la cour, près des fenêtres où nous étions, et n’a cessé, pendant le défilé, de jouer des morceaux variés, quelques-uns d’un rythme lent et triste, avec lesquels les trompettes de la cavalerie faisaient une ôpposition biZarre. La garde consulaire, composée de beaux hommes d’une allure vraiment héroïque, est superbe. Son uniforme est d’un bel effet : le gilet, la culotte et la buffleterie jaune clair ressortent bien avec l'habit bleu, et les plumets rouges qu’elle porte, comme les autres troupes d’infanterie, complètent l'aspect d'ensemble.

Parmi les régiments de cavalerie, les cuirassiers, avec leurs casques étincelants et leurs cuirasses complètes bien polies, sont des plus imposants. Cependant leurs chevaux bruns m'ont semblé trop petits pour ces grands et vigoureux cavaliers. En général, la cavalerie est moins bien montée que celle des armées autrichiennes et prussiennes. L’artillerie légère a passé la dernière au grand trot,