Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

SOUS LE CONSULAT. 449

avec tout le fracas de ses canons et de ses caissons.

La revue terminée, au moment où Bonaparte faisait tourner son cheval pour mettre pied à terre, une foule de gens bien mis qui, malgré les sentinelles, s'étaient rapprochés peu à peu des fenêtres du rez-de-chaussée, ont entouré le Premier Consul. On lui a présenté de nombreuses suppliques ; c’est, paraît-il, le seul moyen de lui faire parvenir sûrement une pétition.

Avant de rentrer, Bonaparte avait remis des sabres d'honneur à quatre capitaines de cavalerie, qu'il a invités à diner. Pendant la revue de l'infanterie, il avait fait sorir des rangs plusieurs grenadiers retour d'Égypte et leur avait adressé quelques mots. Il saïsit toutes les occasions de distinguer les Égyptiens d’une manière flatteuse.

Il avait plu avant la parade, mais le soleil s’est montré pour léclairer; Bonaparte a cette chance heureuse dans la plupart de ses fêtes militaires.

Vers deux heures, toutes les personnes devant être présentées se sont réunies dans ce que l’on appelle la salle des Ambassadeurs. Assurément, le Premier Consul n’a jamais inspecté ce local, dont l’étroitesse et le peu de commodité jurent avec le reste des appartements. C’est une suite de trois petites pièces basses, auxquelles on arrive par des portes étroites, en passant sous Le grand escalier qui mène aux appartements du premier. Nous étions à peu près cent cinquante personnes entassées dans ces réduits dont on aurait pu toucher le plafond avec la main.

Notre audience devait commencer à deux heures et demie; nous avons attendu jusque vers quatre heures la fin de l'audience militaire! Pour nous faire prendre patience, on a servi une excellente collation : moka, chocolat, xérès, malaga, madère, vin du Cap. De grands laquais