Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

122 . UN HIVER A PARIS

Lucchesini lui présenta comme arrivé depuis peu. Sa ronde finie, il revint encore causer avec M. de SandozRollin, en lui tenant les propos les plus obligeants. Comme je me trouvais placé à côté de Sandoz et que j'avais derrière moi l’envoyé suisse, avec qui Bonaparte s’est aussi entretenu intentionnellement, à haute voix, de la nouvelle députation suisse et de ses dispositions, j'ai eu toute facilité pour considérer cet homme extraordinaire et étudier sa physionomie. Il a même pénétré dans nos rangs, afin d'échanger quelques mots avec des princes ou généraux russes de $a connaissance, venus à l'audience, sans avoir à se faire présenter une seconde fois. Enfin, à la suite d’une nouvelle causerie avec le prince: de Bade, le Premier Consul, reprenant son air grave, est allé se mettre un peu en avant des deux autres Consuls et a salué l'assistance, qui s’est retirée à reculons. J'ai remarqué, à ce moment seulement, que le pourtour de la salle était garni d'officiers de l’étatmajor. Les légations, redescendant le grand escalier, ont repassé par le couloir d'arrivée pour gagner leurs voitures, stationnées devant une porte latérale des Tuileries. L’embarquement a pris une heure.

Pour clore mes comptes rendus officiels, un mot d’un grand dîner chez le conseiller d'État Regnault de SaintJean d’Angely. De toutes notabilités rencontrées là, c’est le général Menou (1) qui nv'a le plus intéressé. Son comde Venise à Paris de l'opportunité de l'intervention de la Prusse contre les projets menaçants de la France et de l'Autriche. Son conseil in extremis n’obtint qu'une réponse évasive; on sait ce qui s’ensuivit. Le négociateur de Léoben et de Campo-Formio se montrait « beau joueur » vis-à-vis de Sandoz, dont il ne pouvait ignorer les menées infructueuses.

(4) Le Premier Consul devait avoir un faible pour Menou. Déjà,

en quittant l'Égypte, c'est à Menou qu'il faisait ses confidences verbales, tandis qu'il laissait par écrit officiel le commandement à