Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

10 décembre.

Le marquis de Lucchesini m'a conduit à l'audience de Mme Bonaparte. Nous sommes montés en voiture à une heure pour aller à Saint-Cloud, en passant par les Champs-Elysées et Passy, en longeant le bois de Boulogne. La cour d'honneur du château était pleine de soldats de la garde consulaire et de domestiques en grande livrée. Notre voiture est entrée sans formalité par la grille grande ouverte.

L'intérieur du château est disposé avec plus de luxe et de goût qu’autrefois. Au haut du grand escalier, le vestibule de forme ronde est orné d’un tableau de David. J’appellerais volontiers cette toile une caricature magistrale de Bonaparte gravissant au galop le Saint-Bernard sur un Bucéphale. Dans le salon attenant, figure également un seul tableau (1) représentant la mort du général Desaix, à Marengo. Aucun des officiers présents n’a su me dire le

() Nous ne voyons guëêre que deux toiles répondant au signalement : le grand tableau de Carle Vernet, maintenant à Versailles, ou bien une Bataille de Marengo par le capitaine Lejeune, aide de camp de Berthier, pendant l’action, laquelle fut exposée au salon de 1801 ; Coing devait en faire la gravure, en 4802. (V. Moniteur, 1802.)