Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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joignani la galerie, il y a un portrait de Mme Bonaparte, par Génrd. Elle est représentée de grandeur naturelle, à demi étendue sur un large sofa, au milieu de coussins moelle. C’est une peinture très soignée, mais sans grand effet. Le portrait est d'ailleurs flatté ; on a tort de le laisser roir avant que l’on ait été mis en présence de Mme Baaparte : c’est une déception qui vous attend.

À quétre heures sonnant, nous sommes entrés dans le salon daudience. Les dames se sont rangées debout autour de la salle, les hommes derrière elles, et Bonaparte a paru m petit uniforme vert à parements rouges, gilet assez loig en drap bleu, culotte de soie noire, bas de soie blancs, jetit tricorne à la main, un court sabre de dragon au côté.Il s’est mis à causer avec la première dame qui s’est travée à sa portée, lui a fait quelques compliments et des questions qui, d’après ce que j’ai pu entendre moimême cu apprendre par d’autres, ont invariablement porté su le climat de son pays, sur le voyage, sur la durée di séjour à Paris. Son sourire n’a pas varié pendant toite l'audience. Comme il faisait plus clair que dans la salle des Tuileries et que je ne quittais pas mon lorgnon. j'ai pu examiner à loisir les yeux de Bonaparte. Je comjtais déterminer leur couleur et y découvrir une flamme: la couleur reste non définie, et le regard ne s’est pas illuniné pour moi. Un physionomiste habile m’a fait remarquer que c'est souvent le cas chez les hommes à grandes passions; ils les compriment violemment afin d'en supprimer la manifestation. Bonaparte n’a, il est vrai, quune grande passion, celle de dominer. Jamais meneur d'hommes ne s’est autant appliqué à la dissimuler. Deux préfets du palais, plus petits ue Bonaparte, se tenaient à ses côtés; l’un demandait à la dame que