Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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dier, si l'on réfléchit qu'il va s'appliquer dans un État dix fois séculaire, parvenu vers la fin du siècle dernier au plus haut degré de culture dans les arts, les sciences et les lettres.

Chaque lycée, limité au chiffre de deux cents élèves en moyenne, n'aura que Six professeurs : trois pour les lettres francaises et latines, trois pour les mathématiques ; c’est là ce qu’ils devront enseigner essentiellement. Accessoirement, les trois premiers maîtres donneront desleçons de calcul, de géographie, d'histoire et de mythologie.

Il leur est recommandé d’avoir soin, pendant les six classes élémentaires qui doivent s’achever en une période de trois ans, de faire apprendre par cœur les plus beaux passages des classiques latins et français. — Le cours de belles-lettres latines et françaises se fait en deux ans, sous la direction d’un professeur spécial.

Pour les mathématiques élémentaires, même période de trois ans, divisée en six classes, durant lesquelles on enseignera accessoirement l’histoire naturelle, la chimie, la minéralogie et l'astronomie. — Les mathématiques spéciales se font en deux ans, avec professeur ad hoc.

Deux commissions choisies par le gouvernement sont chargées de rédiger, pour l'enseignement des lettres et des mathématiques, des instructions auxquelles les professeurs auront à se conformer strictement. Elles désigneront les livres dont on se servira exclusivement; les matières de l’enseignement de chacune des classes seront toutes réunies dans le volume unique (1) mis entre les mains des élèves; sous aucun prétexte, les maîtres n’in-

(4) Ce « volume unique » à de quoi faire rêver les citoyens dont la progéniture peuple nos lycées. La sagacité consulaire prévoyaitelle le débordement annuel d'éditions scolaires qui pullulent, sans

autre « correction » appréciable qu'un changement de millésime ? C’est le brocantage sémite se glissant dans le giron de l’alma mater !