Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

SOUS LE CONSULAT. 7

partie de l'assistance se promenait en causant dans les salons où l’on offrait d'excellents rafraichissements.

Sur les deux heures, on a servi un souper chaud; presque toutes les dames et quelques hommes ont pris place aux tables. Le marquis et la marquise ont rivalisé d’attentions pour faire les honneurs de leur réception.

Il y avait là une foule d'officiers et d’émigrés ; mais je n’ai aperçu aucun membre de la famille ou de l'entourage intime de Bonaparte, ni aucun ministre ou haut fonctionnaire. Je n’ai rencontré que l’aimable et fin Lavalette dont on a gardé si bon souvenir à Berlin (1). Actuellement directeur des postes, il m'a traité avec son ancienne cordialité.

Il s’est montré aussi avenant à mon égard, que l'avait été Louis Bonaparte, avec qui j'ai renouvelé connaissance dernièrement, en me présentant chez lui. Mmes Lavalette (2), née Beauharnais, et Louis Bonaparte, ont chacune un jour de réception par semaine. J'ai l’intention de m'y montrer.

Il y a quelques jours, le baron d'Eckarstein, conseiller de la légation prussienne, n'a fait passer la soirée dans une société toute différente du monde diplomatique. Il m'a mené dans un vaste hôtel de la rue de la Loi, Cidevant Richelieu, près du jardin Frascati, vers le coin du

(4) La Valette, aide de camp de Bonaparte depuis la campagne d'Italie, avait accompagné Duroc, envoyé à Berlin après le 18 brumaire, et avait été chargé d’une mission confidentielle à Dresde, vers la même époque.

(2) Mme Lavalette (Émilie), nièce par alliance de Joséphine Tascher de la Pagerie, et fille du marquis de Beauharnais. Son mariage avait eu lieu peu de jours avant le départ de Lavalette pour l’expédition d'Égypte. Ravissante à ce moment, la jeune mariée fut atteinte par la petite vérole, pendant l'éloignement de son époux. Elle était restée belle personne, douce, bonne et parfaitement éleyé dit Mme d’'Abrantès. (Mémoires, t. IL.) AB

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