Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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dernier, après la promulgation du Concordat. Il y attaquait vivement les partisans de cette mesure : nommément Laharpe, Chateaubriand, Mme de Genlis, qu'il appelle «mère de lÉglise », et l'abbé Geoffroy, adversaire acharné de la philosophie et des philosophes. C’est contre ces écrivains qu'est encore dirigée la préface, ou plutôt l’ « Épître dédicatoire au citoyen Daunou, de l’Institut national », imprimée en tête de la nouvelle édition du Fénelon. Comme Chénier y prend à partie des gens qui passent pour être inspirés par le gouvernement, on estime son épître un coup d’audace, et l’on croit qu’elle a échappé à la censure uniquement parce qu’on l’a considérée comme l’annexe insignifiante d’un ouvrage connu.

Parlant des apologistes du Concordat, Chénier dit : « Le théâtre ayant bien quelque influence, ils en ont refait la poétique, et voici l’abrégé de leur doctrine. Rien de ce qui intéresse la politique et la religion ne doit être offert sur la scène. Point de rois odieux, surtout ceux de

Moi, le Saint-Père et Dieu, nous sommes infaillibles ; Avant Dieu j'ai jugé les vivants et les morts! Chactas-Chateaubriant, « qui a fait sa rhétorique », intervient en ces termes : Ah! vous parlez du diable? Il est bien poétique, Dit le dévot Chactas, ce sauvage érotique. Madame Honesta — de Genlis, le présente avec son ton pédagogique inné : C’est Philaminte encor, mais un peu janséniste. Je reviens d'Athènes pour vous apprendre à lire. Je voudrais, entre nous, convertir les Français. Plus d’un, sans réussir, a tenté l’entreprise; Vous n’aviez point encor des mères de l'Eglise. Vis-à-vis de Geoffroy, vieil adversaire intransigeant, l’ex-conventionnel tourne à l’invective : N'entendez-vous pas braire Les fils, les compagnons de l’âne littéraire!

Allusion aux caricatures de 1791, voir p. 21.