Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

SOUS LE CONSULAT. 183

série de monuments de l’époque gauloise à nos temps modernes, disposés dans l’ordre chronologique, de façon à permettre au visiteur d’embrasser d’un coup d'œil les phases successives de l’art national. Sur cette salle centrale s'ouvrent d’autres salles, consacrées chacune à un siècle, du treizième au dix-huitième : statues, bustes, bas-reliefs, autres monuments de toute grandeur, sont rangés méthodiquement dans le local réservé à leur temps. L'architecture de chaque salle est elle-même de l’époque ; l'exactitude chronologique est respectée jusque dans le style, la forme et les caractères des inscriptions indicatrices. Les fenêtres, garnies de vitraux de l’époque, éclairent d’un demi-jour romantique ces témoins des temps passés. Si tous les objets n’offrent pas le même intérét artistique, tous du moins ont une valeur archéologique et un cachet d'authenticité qui n’est pas sans mérite. Ainsi, un buste du bon Louis XII le représente avec une physionomie si piteuse, qu'il ne viendra à lesprit de personne de mettre en doute la ressemblance. Beaucoup de monuments d’ailleurs, surtout parmi ceux du seizième et du dix-septième siècle, révèlent la main de véritables artistes, par le fini du travail et l’orginalité de la conception. À ce point de vue, les bustes de Francois I, de Henri IV, de La Fontaine ont particulièrement retenu mon attention.

Dans un jardin assez vaste, planté de cèdres, de cyprès et d’autres arbres verts, sont rangés un grand nombre de sarcophages et de monuments funéraires. Cette exhibition sépulcrale peut être curieuse pour les archéologues ; pour moi, je la trouve médiocrement attrayante. Les galeries voûtées du vieux cloître qui encadrent le jardin abritent une quantité de fragments artistiques, pierres tombales, mausolées, bustes, etc.