Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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généralement des situations mêmes du drame lyrique, chaque opéra nouveau lui fournit matière à des créations nouvelles. On a naturellement redemandé cette scène; elle a été reprise avec le mème soin et le même succès. Jai noté le moment exact où on la joue, et je ne manquerai pas d’être présent chaque fois que l’on donnera cet opéra qui, pour tout le reste, est une abomination, tel qu'on le donne ici. Je n’y trouve de bien que le gracieux intermède et l'ouverture, enlevés par l'orchestre. Le surplus de la partition de Mozart, si agréable dans sa spirituelle variété, perd tout son caractère de fantaisie romantique par l’intrusion choquante de scènes entières des grands opéras Don Juan et la Clémence de Titus. — Et en l'honneur de qui les a-t-on intercalées? Uniquement afin de procurer à Mile Maillard et à Lainez l'occasion de nous briser le tympan, une fois de plus. Laïs-Papagéno lui-même est condamné à chanter avec Lainez un duo tiré de Titus!

Plusieurs fois, j'avais eu occasion d’entrer, pendant une demi-heure, au théâtre du Vaudeville, sans remarquer rien qui valût la peine d’une mention. Mais je viens d'y entendre une nouveauté non dépourvue de mérite; le titre est : Chapelain, ou la Ligue des auteurs contre Boileau (1).

La pièce ne manque ni d'esprit ni de gaieté; elle raille assez finement le mauvais goût et les travers des auteurs actuels, mais elle contient beaucoup de détails ou d’allusions dont le sens doit échapper au spectateur peu au courant des questions secondaires de l’histoire littéraire française.

Voici le sujet. Toutes les victimes de Boileau ont juré

(1) Chapelain, vaudeville en un acte par Desfontaines, Barré et Radet, donné au Théâtre du Vaudeville en 4802.