Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

198 UN HIVER À PARIS

Chapelain pour chef et protecteur, n’y a trouvé place! La révélation suffit pour les convaincre tous que Chapelain est plus mauvais poète que Boileau ne l’a jamais dit, et Cotin improvise à l'instant la prophétie suivante, qui paraît être le fond de la pensée des auteurs :

Boileau ne vivra pas longtemps!

À peu près dans cent cinquante ans, Pour l’honneur du Parnasse,

Un Cotin de ce siècle-là

Un beau matin accouchera

D'un petit livre où l’on verra Boileau mis à sa place.

— Ce dernier vers est le titre d’une publication récente dirigée contre l’illustre Nicolas. — Une légère intrigue entre le pâtissier Mignot, immortalisé par Boileau, et la petite gouvernante délurée du vieil avare Chapelain, donne lieu à de jolis couplets que Sévestre-Wignot chante agréablement, mais que Mlle Desmarres (1), qui lui donne la réplique, gâte par son affectation; Duchaume (2)-Rollet est excellent dans son rôle de procureur. Les noms des auteurs, Barré, Radet, Desfontaines, ont été demandés et applaudis.

La comédie avait été précédée par une joyeuse pochade : Arlequin afficheur; c’est le programme même de la pièce de Barré que l’on affiche à la porte de Colombine, au milieu d'imbroglios plaisants : Arlequin et Gilles m’ont amusé par leurs saillies non dépourvues de finesse, et par la variété de leurs intonations comiques.

(1) Mlle Desmarres avait encore une certaine timidité qui nuisait au développement de ses moyens. Elle se corrigea de ce défaut, prit de l’aplomb et tira bon parti de ses rôles. Les Annales dramatiques de 1809 disent qu'elle marche « vers la perfection ».

(2) Duchaume, son embonpoint, sa face rubiconde et réjouie, surtout la rondeur de son jeu et sa gaicté, étaient fort appréciés des habitués du Vaudeville.